Il s’agit du processus vécu par une personne une fois que sa prise de conscience des effondrements en cours est amorcée. Ce processus passe par des étapes intellectuelles, émotionnelles et parfois physiques, telles que décrites au chapitre « Il était une fois l’humain », notamment via la Courbe de deuil et l’échelle de Paul Chefurka.
Une fois le nez dans les infos, la réflexion intellectuelle menant à la conclusion d’un effondrement sociétal fortement probable, voire déjà en cours, peut s’effectuer rapidement. Pour autant, le changement complet que les conclusions intellectuelles induirait, en matière de modifications de mode de vie, habitudes d’achats, boulot, sphères d’intérêts … est souvent moins rapide. Pour des raisons matérielles d’une part, mais aussi pour les raisons évoquées page 74. Cet écart provoque une forme de schizophrénie plus ou moins bien vécue. Attention, cette schizophrénie est différente de la notion de dissonance cognitive présentée dans cette même partie du livre, cette dernière faisant référence à la manière dont notre cerveau peut détourner subrepticement une compréhension claire d’une situation afin de nous maintenir dans nos schémas habituels comportementaux. La schizophrénie dont il est question ici relève de difficultés matérielles à changer ses habitudes, malgré la volonté consciente de le faire. Il faut donc se donner le temps de bouger des choses concrètes. Ce mouvement dans la matière permettra également d’arriver à pousser plus loin la réflexion intellectuelle et le processus émotionnel.
Une fois la réflexion personnelle débutée, l’Homme étant un animal social, vient la nécessité d’en parler. Faut-il en parler ? se demandent souvent les novices du sujet. Ils ont conscience que le sujet est potentiellement anxiogène et aimeraient aussi éviter de passer pour « fou » ! La question est multiple, car à suivre viennent : Pourquoi en parler ? A qui ? Et Comment ?
Ce chapitre devrait vous aider à répondre à ces questions, mais l’essentiel à retenir est : ne pas en parler à des novices tant que la digestion n’est pas faite en vous. Votre interlocuteur ressentirait votre angoisse, vos inquiétudes, vos doutes et cela ne ferait qu’éveiller sa suspicion et permettrait au déni de débarquer au grand galop. Parlez-en avec eux lorsque vous vous sentez posé intérieurement, voire lorsque vous avez commencé à agir dans votre quotidien. Pour lâcher vos inquiétudes, il existe de nombreux groupes sur Facebook et de plus en plus de groupes se montent partout en France, et ailleurs. Des groupes de paroles, « Cafés collapso », « Apéros collapso », « Collapso Bistro » … peu importe la formule, l’important est de pouvoir accueillir les points de vue, les émotions et les inquiétudes des uns, dans le respect de celles des autres. Ca n’existe pas près de chez vous ? Créez le ! Voilà un premier pas vers l’action.
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